Le jour de mes 20 ans aura eu une saveur particulière. C’est le jour ou je suis devenu papa pour la première fois!
20 ans d’écart, ce n’est pas banal! Je suis un peu un papa par accident, il est vrai qu’avoir des enfants en étant issu d’une famille nombreuse est une chose logique mais j’avoue bien volontiers que cette idée ne m’avait jamais effleuré l’esprit.
Ma mère, ma grand-mère, ma marraine. Voilà la recette (Bon par-contre je n’ai pas les temps de cuisson) de ce qui fait de moi le Papa poule que je suis!
Parce que oui, je n’ai qu’un géniteur, pas de père, encore moins de papa. Enfin, ce n’est pas qu’il n’existe pas, c’est juste qu’il n’a jamais été là.
Pourquoi alors utiliser le terme de géniteur? Sans doute parce que mon premier demi-frère n’a que 6 mois d’écart avec moi. Je vous laisse faire le calcul.
Alors me voilà, à l’aube de mes 19 ans, apprenant que je vais être papa d’un enfant avec une femme dont j’ignore tout, sauf que pour moi, impossible d’être un simple géniteur!
Je me souviendrai toujours de ce moment où j’ai appris que ma vie était en train de basculer alors que je n’étais encore qu’un ado attardé qui batifolait au gré des marées sans même un domicile pour y élever la chair de ma chair, le sang de mon sang.
16h43, c’est fait! Je suis ton papa, Chelsea.
Ni une ni deux, je quitte tout ce que j’avais commencé à construire pour rentrer là où j’ai grandi, en Bretagne, pour ne pas faire subir à cet enfant les affres d’une enfance en banlieue parisienne.
Retour à la case Maman pendant quelques temps avant d’enfin revoler de mes propres ailes.
29 avril 2008, ça y est. Nous y sommes! Je fête mes 20 ans… Ou pas! Depuis 9h nous sommes à l’hôpital, prêts à devenir parents, pas comme dans les films, pas comme dans les histoires qui nous sont contées. Parent, avec l’angoisse qui va avec, cette boule au ventre impossible à dissiper, cette peur de ne pas savoir quoi faire ni même comment le faire. Mais une certitude, je serai de ces vrais papas, ceux qui assument pleinement, qui ne lâchent rien, qui iraient jusqu’à donner leur vie pour leurs enfants.
16 mois plus tard, je deviens à nouveau papa!
16h43, c’est fait! Je suis ton papa, Chelsea.
J’ai longtemps cru que pour être un bon père, il suffisait de bien travailler, de partir tôt, de rentrer tard et de faire un bisou sur le front de mes enfants avant qu’ils n’aillent se coucher.
Je n’avais pas saisi alors que je ne faisais que ce que la société attendait de moi. Mais moi, de quoi avais-je envie?
16 mois plus tard, je deviens à nouveau papa! Woaw, 21 ans, déjà deux enfants. Je vous laisse imaginer les regards subjugués des gens qui me croisaient dans la rue. Se demandant tantôt si j’étais un de ces cas sociaux qui fait des enfants pour toucher les allocs’, tantôt si je n’étais pas plutôt le grand frère qui se faisait passer pour le père…
Mais Marc était là, mon premier garçon, mon “p’tit gars”! Mon mini-moi. Si petit et déjà très grand, il a la carrure d’un rugbyman, la photogénie de Georges Clooney, l’aisance de Barack Obama. Mais il a aussi le sens inné de la connerie de son père. D’ailleurs, je crois qu’il n’a pris que ça de moi!
Chelsea & Marc ont aujourd’hui 11 et 10 ans, ils sont heureux.. Mais ça n’a pas toujours été le cas!
Des histoires de couple, des séparations, il y en a tous les jours! Mais alors que nous alternions la garde des enfants, leur maman a décidé de partir vivre loin, très loin, trop loin d’eux.
1200 km, c’est désormais la distance qui sépare mes grands de leur maman.
Du jour au lendemain, alors qu’ils n’avaient que 3 et 4 ans, après les avoirs déposés à l’école et sans un mot, un regard, elle est partie.
Nayan, premier enfant de notre union mais troisième de notre famille.
De toute façon, je ne l’aurais pas laissée s’en aller avec eux mais quand même. Ce fut rude, pour moi, mais surtout pour eux!
J’étais à l’époque aux balbutiements de mon histoire avec celle qui partage aujourd’hui et pour toujours ma vie. Imaginez un instant l’onde de choc qui s’abat sur notre couple qui n’en était alors qu’aux prémices de l’histoire qu’elle est devenue.
Je me retrouve du jour au lendemain papa solo de deux enfants, j’avais alors 24 ans.
Heureusement, j’ai bénéficié de toute l’aide de ma famille en commençant par ma mère mais aussi de ma belle-famille qui avait accepté Chelsea et Marc comme s’ils avaient toujours été de la famille…
Mais je n’aurais rien pu accomplir sans celle qui partage mon quotidien, celle qui élève jour après jour mes enfants. Celle qui a su combler les manques qui étaient les miens.. .
Je ne suis qu’un Papa après tout.
Après quelques années de dur labeur, après un passage par la PMA et au moment de signer le protocole de FIV, ma femme est enceinte! Je vais être papa pour la troisième fois…
Nayan, premier enfant de notre union mais troisième de notre famille.
Mon troisième enfant, mon deuxième gars. Mais surtout le petit dernier qui arrive bien après le début de la fratrie… Dire qu’il en joue serait absolument vrai! Il use et abuse de son statut de petit dernier pour se faire chouchouter tout en faisant plein de bêtises… Ah les joies d’être le petit protégé des grands…
Neïla est mon dernier enfant, à écrire ceci j’en ai encore des frissons, une joie et une tristesse à la fois.
S’ensuit une année plus tard l’un des moments les plus difficiles de ma vie, le jour de nos 2 ans de mariage.
Ma femme est enceinte, à quelques jours de l’écho T1, ma moitié perd un peu de sang, rien d’alarmant à ce stade de la grossesse mais tout de même, nous décidons d’aller faire un contrôle.
D’abord rassurés par la gynécologue, vient le moment de faire une échographie de contrôle.
Elle devient blême, nous comprenons alors qu’il se passe quelque chose.
Le constat est cuisant, il ne fait pas la taille qu’il devrait faire, son cœur ne bat plus. C’est un coup de massue.
Nous n’étions pas préparés, encore moins à affronter la tristesse qui allait envahir les plus grands quand ils allaient apprendre la nouvelle.
Mais 2 mois plus tard, rebelote. Notre petite princesse était en route pour finir l’assemblage d’une famille parfaitement recomposée.
Neïla est mon dernier enfant, à écrire ceci j’en ai encore des frissons, une joie et une tristesse à la fois. Une joie de vivre à nouveau toutes ces étapes les unes après les autres mais aussi une tristesse de me dire que c’était la dernière fois que je voyais un de mes enfants naître. La dernière fois que j’assistais à un moment aussi exceptionnel.
Ok c’est très bien tout ça.. Mais mon rôle de papa dans tout ça, il est où?
Eh bien! Déjà j’ai compris qu’être papa ce n’est pas se tuer à la tâche mais bien profiter de chaque instant qu’il nous est permis de savourer avec mes enfants.
Que ce n’est pas parce que l’on a eu un parent défaillant que nous devons fatalement répéter les mêmes erreurs.
Qu’ils pourront me faire tous les reproches du monde, mais jamais celui d’avoir été absent pour eux.
Avoir des enfants m’a sorti de l’engrenage dans lequel je m’étais engouffré. Ils m’ont poussé à prendre mes responsabilités, à assumer pleinement ce que je suis. Ils m’ont fait prendre conscience qu’il existe des choses bien plus importantes dans la vie que soi-même et que rien ne me rendra plus heureux que d’avoir des enfants épanouis et heureux.
Je ne me revendique pas Papa 2.0, je ne demande aucun titre, aucune gratification.
Je veux juste que l’on me laisse être un Papa Poule.